A celle qui fut un soleil dans mon ciel noir et que j'attends pour prendre sa main.

Accueil
Préambule
Rêve sur la place rouge
Night Club
Concert à Genève
Escapade canarienne
L'hermite
L'adieu à Moscou
A vous
Instant avec Mary
Ecriture en bleu et blanc
La pointe du Cabellou
Maître du monde
Courir vers ta lumière
Epilogue

Sentiments indescriptibles

Lire ce livre
Carte postale A
Carte postale B
Carte postale C
Carte postale D
Vers insolents
Images et Sons
Ecrire encore et toujours...

Contact
Livre d'or

Ecouter la musique

Préambule

Pourquoi fait-on certaines choses ? Pourquoi faut-il une raison ? Un motif, une motivation et que sais-je d'autre pour expliquer nos gestes, nos mots. Pour vivre une émotion, une passion. Pourquoi vouloir analyser, mettre systématiquement en équation ce que notre inconscient ressent ?

Le bonheur existe, je le sais, je le vivais. Sans tache, sans nuage. Avec quiétude et douceur, comme l'eau d'une rivière qui coule, sans entrave, sans notion du temps qui s'écoule. Puis vint ce jour, un mot, une phrase, une voix. Quelque chose de banal. Sans importance. Sans lendemain. Quand on ne se sent ni coupable, ni désireux. Lentement cela va envahir nos sens. Puis sans que l'on s'en rende compte, occuper toute la place.

ocean

Je voyais une mer calme, avec un soleil qui lui donnait une belle couleur bleu turquoise. Debout sur un rocher je regardais l'écume qui se formait à la crête des vagues. Une légère risée me fit alors frissonner, comme si un changement allait s'opérer. Je n'ai pas eu peur. Peut être aurais-je du et rentrer me mettre à l'abri. Non, je suis restée ainsi. Seule, face à l'océan, face au vent. Le souffle monta en puissance. La hauteur des vagues s'est accrue. Par instants les embruns frappaient mon visage. La sensation était douce. Je me suis vue reine du monde. Bravant une force terrifiante avec mes frêles épaules. Simplement envie de voir jusqu'où ce jeu pouvait m'amener.

Je suis restée ainsi à défier la nature. J'oubliais la prudence, le bon sens, les préjugés, la morale, les tabous. Je me suis sentie alors femme. Ma peau prit cette chaleur et cette moiteur, qu'ont les corps qui s'enflamment. Puis soudain une vague plus forte arriva d'un coup et m'inonda complètement. Mon visage rayonnait de plaisir. L'eau salée insidieusement colla ma robe sur mon corps. Dans un bruit sourd la vague se retira du rocher. Je ne bougeais plus. Tétanisée, incapable de faire le moindre pas en avant. Encore moins de reculer. Puis une seconde vague me percuta, plus forte que la première. Mais déjà mon corps était rompu à cette nouvelle sensation. Comme une drogue, je ressentais le besoin d'une dose plus massive.

L'océan entendit ma prière et se déchaîna d'un coup. Le choc fut d'une violence inouïe. A la douceur des premiers instants, succéda la douleur. Je fus jetée à terre. Mes genoux saignèrent en tombant sur le rocher. Un liquide salé coulait dans ma bouche. Pas de l'eau de mer, non, l'eau de mes yeux que je ne puis retenir. Mon corps n'était plus qu'une plaie sanglante. J'ai crié grâce, mais la mer fut insensible à ma plainte et continua son œuvre dévastatrice. Alors résignée je me suis allongée sur le rocher. L'eau pénétrait mes blessures. Mon sang se diluait ainsi lentement, me vidant de toutes mes forces vitales. J'allais mourir. Dans un dernier effort j'ai hurlé ma détresse. Au moment où le noir arriva , mon corps quitta le rocher. La mer me prenait, je flottais entre ses eaux. Lui appartenant. Rien n'avait d'importance.

Quand mes yeux s'ouvrirent, je ne vis que du blanc. Il faisait chaud et aucun son n'arrivait à mon oreille. Mon regard ne distinguait rien. J'entendis une musique, non, une voix, douce et posée, puis des mots, une phrase. Une forme floue était penchée sur moi. Sur ma joue un contact dont je ne pouvais deviner l'origine. Je mis longtemps à comprendre les mots, les phrases et à aimer cette musique. Cela me pris encore plus de temps pour connaître la texture du contact. Et je ne me souviens pas au bout de combien de mots, de phrases, de musiques et de contacts, mes yeux purent enfin voir celui qui m'avait pris sur le rocher pour me mettre à l'abri.

Lisa, Lausanne